Le respect de la dignité humaine en soins infirmiers : perspectives philosophiques et pragmatiques

Auteurs-es

  • Barbara Bennett Jacobs

Résumé

Depuis sa première publication en 1976, le Code for Nurses with Interpretive Statements [Code des infirmières, accompagné d'énoncés explicatifs] a servi de cadre permettant d'expliciter les " obligations morales " des infirmières et infirmiers professionnels (American Nurses Association [ANA), 1985). Une refonte de ce code est actuellement en préparation (ANA, Code of Ethics Project Task Force, 1999). Tel qu'exposé dans l'un et l'autre de ces documents, le premier devoir moral de toute infirmière est le respect de la dignité humaine (ANA, 1999) : les infirmières doivent faire preuve de compassion dans toutes leurs interactions professionnelles et respecter la dignité, la valeur intrinsèque et la spécificité de chaque personne, sans égard aux considérations d'ordre social, économique ou personnel, ou liées à la nature des problèmes de santé, (p.4) Dans les cinq énoncés servant à traduire la portée de ce devoir, on a recours à un certain nombre d'expressions clés, dont, en premier lieu, " le respect de la dignité humaine "; cette notion sous-entend à la fois le respect de la valeur intrinsèque de chaque personne et des droits humains. Issues de la philosophie morale, ces expressions sont couramment utilisées dans d'autres disciplines, notamment en droit, en religion, en médecine et en sciences humaines. La définition même du terme de " dignité " demeure limitée en regard de l'interprétation et de l'utilisation qui en est faite. Cet article propose donc d'étudier cette notion à la lumière de quelques approches choisies en philosophie morale, de définitions tirées des dictionnaires et d'essais contemporains, ainsi que de l'interprétation qu'en font les étudiantes et étudiants inscrits au baccalauréat, à la maîtrise ou au doctorat en sciences infirmières. Ces quatre sources différentes nous servent ici de fondement pour argumenter que l'analyse scientifique seule ne peut que limiter la portée de la notion de dignité. Le respect de la dignité humaine, en conclusion, doit être considéré comme un art qui s'alimente par la praxis et suscite le dialogue entre professionnels des soins infirmiers; sa portée est beaucoup plus large, tant sur le plan ontologique et épistémologique, que celle d'un simple principe énoncé dans un code déontologique.

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Publié-e

2016-04-14

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